24.3.09

Le nouveau site de la revue est
http://ruesaintambroise.weebly.com


*

15.12.08

Numéro 22

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

3.7.08

Numéro 21

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


3.6.08

DERNIERES CHRONIQUES


Histoires Jivaro de Luc-Michel Fouassier
En
prison

Une proposition diluvienne

Qu'ai-je à craindre la nuit...
Romans policiers
Nuits d'écriture
Et toujours de nouveaux liens
Chroniques de Sireli
Le jardin de Finzi Contini, le film
Quelques monstres
beyrouth 2007
Un scénario pas si futuriste
Le vieux jardin, le film
Une contrainte mathématique
Des nouvelles comme tous les après-midi
Histoires d'enfance avec les
Gadoues
Un texte sur l'entreprise et la littérature
Musique et tango...
En route vers des mondes nouveaux au labo en ligne
De l'Aufklärung au labo en ligne
Forêts de Wajdi Mouawad
Quelques livres imaginaires
Le Labo en ligne ouvre grand les fenêtres
Les photos de Sophie Spandonis
Contretemps, un roman de Bernardo Toro




26.12.07

Numéro 20



In memoriam, Denis Sigur

Un mundo Nuevo, Sophie Spandonis

Nouvelles du son, Esteban Buch

Jivaro, Jivaro, Luc-Michel Fouassier

Adrien Robier dit Deux-pas, Benoît Ritt

Sa Majesté, Andres Neuman

Les Dîners d’Alice, Géraldine Doutriaux


Un Chagrin d’amour, Marc Chevallier

Un conditionnel, Myriam Fantin

L'idiot, la brute et le truand, Alban M. Topenot

Automatique, Chantal Colombier

L’affaire de l’accent circonflexe, Léna Ellka

Un vrai père, Bernardo Toro

Son histoire, Naïri Nahapétian

Prison Basset, 1947, Aurélie Champagne


22.4.07

La liste des librairies et des points de vente (Où trouver la revue ?)

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]



On peut trouver la revue Rue Saint Ambroise dans toutes les bonnes librairies. Si vous éprouvez des difficultés à vous la procurer, vous pouvez nous contacter à l’adresse courriel suivante :

La liste des librairies et des points de vente ( Où trouver la revue ? )

A Paris :


-L’ARBRE A LETTRES

33-35 bd du Temple

Paris 3e

Voir le plan ici


-COMPAGNIE

58 rue des Ecoles

Paris 5e

Voir le plan ici


-LIBRAIRIE LA HUNE

170 bd Saint Germain

Paris 6e



-LIBRAIRIE TSCHANN

125 bd du Montparnasse

Paris 6e

Voir le plan ici


-L’ECUME DES PAGES

174 bd Saint-Germain

Paris 6e

Voir le plan ici


-LIBRALIRE

116 rue Saint-Maur

Paris 11e

Voir le plan ici


- LE MERLE MOQUEUR

51, Rue Bagnolet

Paris 20e

Voir le plan ici


En région parisienne :


-LA RESERVE

81, avenue Jean Jaurès

78711 Mantes la ville

Voir le plan ici


En province :


-CASTELA

20 place du Capitole

31000 Toulouse

Voir le plan ici


-LIBRAIRIE DURANCE

4 allée d’Orléans

44019 Nantes cedex 01

Voir le plan ici


-LIBRAIRIE VENT D’OUEST

5 place du bon Pasteur

44016 Nantes Cedex 01

Voir le plan ici


-L’HERBE ENTRE LES DALLES

36 bis rue des Ponts Neufs

72000 Le Mans

Voir le plan ici


-LA FONTAINE PRIVAS

4 place de l’hôtel de ville

07000 Privas

Voir le plan ici


-LA MACHINE A LIRE

8 place du Parlement

33000 Bordeaux

Voir le plan ici


-LES VOLCANS D’AUVERGNE

80 bd François Mitterand

63000 Clermont-Ferrand

Voir le plan ici


-SAURAMPS

Le triangle- CS 19026- Allée Jules Milhau

34967 Montpellier Cedex 02

Voir le plan ici


En Belgique :


-FILIGRANES

39-40 av des Arts

1040 Bruxelles

Belgique

Voir le plan ici



-LIBRIS 1

Espace Louise

40-42 avenue de la Toison d’Or

1050 Bruxelles

Belgique

Voir le plan ici


Bonne lecture !

3.11.06

Numéro 18


22.2.06

EDITORIAL

Ecrire à la verticale


Lorsqu’un homme à l’idée insensée de s’enfermer chez lui, d’ouvrir un cahier et de reprendre à la verticale tout ce qui brûle en lui ( pensées, espoirs, souvenirs ), l’existence de la littérature ne lui est d’aucun secours. Le voilà seul devant cette page que personne ne réclame et qu’il s’obstine à écrire. La solitude le tenaille, l’impuissance le guette. D’ailleurs, qu’à-t-il à dire qui n’ait pas déjà été dit ? A quoi bon ces pages, ces faux espoirs, ce temps perdu ? S’il parvient à lever les obstacles en cherchant à tirer quelque profit de ses écrits, il deviendra dans le meilleur des cas un homme de lettres, un littérateur. Mais si malgré l’absence évidente de but, il persiste, c’est sans doute que sa volonté n’y est pour rien. Un besoin inexplicable le pousse, il se doit de lui obéir. Ecrire à la verticale. Aucune activité n’entraîne une pression aussi permanente et involontaire. Aucune retraite méditative ne génère un bruit aussi assourdissant. Bourdonnement sans trêve, magma de mots brûlant sur place, mais sans destinataire apparent, dans une évidence opaque, frontale, continue. Arrivé au moment longtemps repoussé de poser la première lettre, on se rend compte que les mots ne retracent aucune expérience, rien n’a eu lieu qui n’ait lieu sur la page au moment où il écrit.
La littérature, sauf rares exceptions, est une activité horizontale d’exploration, une forme raffinée de divertissement. Rares sont les écrivains qui préfèrent le forage à l’évasion. Ecriture et littérature, souvent confondues, doivent ici être distingués. Alors que la littérature est une échappatoire, l’invention d’un espace ouvert à l’évasion, l’écriture est un assentiment quasi mystique à la pression des mots.
« J’attends qu’il y ait en moi une pression qui me pousse devant le papier, la plume à la main. La pression conduit à tout. Quand j’écris je veux avoir le sentiment de n’être plus moi-même en tant qu’individu, d’être en dehors de toute volonté, mais d’obéir à cette pression. » ( Le chemin de Sion, Louis Calaferte )
L’engagement auprès de l’écriture est impersonnel, si nous entendons par « personne » le nœud de représentations autour duquel se noue le pacte social. Père, mère, fils, fille, ami, amie, vers quelque lieu que nous nous tournons, nous sommes pris dans un rôle. Un mot de trop et le lien est brisé. Notre parole est sous tutelle, y compris dans cet espace bruyant d’échos que nous appelons notre for intérieur.
En guise de liberté de parole, il ne nous reste que cette forme d’aphasie que l’on appelle l’opinion. Et on en use, on en abuse, on se rassemble sans cesse pour partager nos opinions. A la fin, cela fait un bruit assourdissant de chaînes. Qui songe à s’en détacher ? Le jeu ne consiste-t-il pas plutôt à imposer notre opinion ? Certains le croient, pas les écrivains. Les écrivains n’ont pas d’opinion. S’il leur arrive d’en avoir une en tant qu’hommes, ils en ont mille en tant qu’écrivains. C’est-à-dire aucune. Leur parole n’est figée autour d’aucune opinion.
Il y a du silence au fond de chaque écriture, une suspension gênante du régime de l’opinion, une absence gênante de personne en somme qui passe pour de l’immoralité. Qui est-il vraiment, l’écrivain ? Que pense-t-il vraiment ? Où veut-il en venir ? Sa parole ne débouche sur aucune opinion.
Mort de la personne, naissance de l’écrivain. Mort de celui qui est né d’une mère dans la trame serrée du sexe, de la valeur et de la peur de la mort. Naissance de celui qui consent au mouvement impersonnel du verbe d’où tout provient : personnes, histoires et opinions. Mort et naissance donc, et, entre les deux, un reste, une cendre, quelque chose qui ne saurait mourir : le style. On n’échappe pas au style, on ne le cherche pas non plus. Le style n’est ni un ornement ni une griffe individuelle, mais ce qui reste d’une personne quand celle-ci disparaît. Plus sa disparition sera complète, plus son style sera « personnel ». Si le style est la cendre, la personne en est le bois. Il faut que la personne brûle pour que la cendre retombe sur les mots. Mais qui veut d’une telle combustion ? Qui consent à s’offrir en holocauste aux mots ? Et d’abord, s’agit-il d’un choix ou d’une convocation ? Beaucoup d’appelés, peu d’élus. Nous tenons trop à notre personne pour obéir à un appel aussi saugrenu.
Il y va de l’écriture comme de la parole du Seigneur. Celui qui l’entend ressent moins le privilège que l’écrasante obligation. Ainsi Moïse récriminant le Créateur : « Pourquoi m’as-tu choisi ? Choisis quelqu’un d’autre et efface-moi du livre que tu as écrit ! » Effroi et refus, tous les « appelés » réagissent de la sorte et ce n’est pas un hasard si certains emploient la métaphore de la combustion. « Le Seigneur étendit sa main, toucha ma bouche, et me dit : Je mets présentement mes paroles dans votre bouche. » Jérémie en est si effrayé qu’il décide de se soustraire à sa vocation. « J’ai dit en moi-même, je ne nommerai plus le Seigneur, je ne parlerai plus en son nom. Et en même temps, il s’est allumé au fond de mon cœur un feu brûlant qui s’est renfermé dans mes os, et je suis tombé dans la langueur, n’en pouvant plus supporter la violence. » ( Jér. XX,9 ).
La scène de l’écriture est, bien entendu, autrement plus triviale. Les heures, les mois, les années passent sans qu’aucun doigt ne nous signale. Tout nous est dissuasion. Le sentiment d’absurdité est parfois si aigu qu’il nous pousse à nous trahir. On cherche alors chez les autres ce qui nous manque pour « séduire ». Mais on ne veut pas séduire, on veut simplement faire entendre… Quoi ? Les mots nous manquent et pourtant nous le savons. Parvenus au comble du désespoir, une voix retentît. Est-ce la nôtre ? Le doute persiste, mais il ne va sans commotion. « Soudain, je me suis trouvé dans un état de dédoublement. Il me semblait que le texte m’était dicté. Hallucinant. Visionnaire. Tension pénible, éprouvante. Tout d’un coup les nerfs craquent. Plusieurs jours durant je suis ensuite sans pouvoir travailler. » ( Le chemin de Sion, Louis Calaferte )
Calaferte est alors en train d’écrire Septentrion, livre censuré pendant près de vingt ans où l’on peut lire des passages comme celui-ci : « Ce que je dis gicle de mes entrailles cancéreuses, autopsie du cadavre exsangue, ce que je dis Dieu me le souffle à mesure, cri et chant de détresse qui tiendrait en entier dans un crachat de vitriol… Dieu crache en permanence dans ma bouche profane et il sera ainsi jusqu’à la fin des temps. Nous nous embrassons tous deux, lèvres jointes, nos langues mélangées. Et je bois ta salive, ô doux Sauveur ! Nous nous tenons entrelacés comme un couple obscène, aux carrefours des impasses humaines. Toi et Moi. Nos corps en feu. »
Le monde, ses enjeux, ses personnages ne sont que des effets de langue, des cristallisations somme toute provisoires. Nous sommes en tant que personnes des participes passés en état de perpétuelle négation. Une goutte de vérité, un souffle du verbe et tout est détruit. L’écriture est cet agent destructeur, son but est moins de raconter le monde que d’en faire sentir l’inconsistance, le défaut de parole qui nous relie.
« Si un homme osait jamais traduire tout ce qui est dans son cœur, nous mettre sous le nez ce qui est vraiment son expérience, ce qui est vraiment sa vérité, je crois que le monde s’en irait en pièces, qu’il sauterait en mille morceaux, et aucun Dieu, aucun accident, aucune volonté ne pourraient jamais rassembler les miettes, les atomes, les éléments indestructibles qui ont servi à faire le monde. » ( Tropique de Cancer, Henry Miller )
Le reste n’est que littérature, c’est à-dire une réponse parmi d’autres à la demande sociale. Le but inavoué de la littérature est et sera toujours de rassembler les morceaux. Même lorsqu’elle se veut subversive, surtout lorsqu’elle prétend choquer l’opinion générale. Une opinion chasse l’autre, ce qui était subversion devient règle. Il importe que tout se résume à une affaire d’opinion. Voilà pourquoi elle semble si ennuyeuse alors même qu’elle nous divertit. Son point de vue, ses personnages, sa temporalité, sa psychologie ne font que reproduire le système de références qui tient le monde rassemblé. En un mot, la littérature est le miroir où la société se regarde vivre, l’idée que la société se fait de ses individus, le mode d’emploi de nos vies, si ce n’est leur livret. Complice de la structure romanesque du monde, le littérateur ne s’aperçoit pas qu’il est en tant qu’auteur le personnage d’un roman qui s’est déjà écrit de lui-même. Inutile d’en ajouter un chapitre de plus, les bibliothèques croulent, la télévision en regorge, un témoignage chasse l’autre, c’est dire si notre société aime se laisser bercer par les histoires qu’elle se raconte, ad nauseam !



Bernardo Toro